Chapitre 7 — La Cité des Cendres
Le vent du désert sifflait comme un cri ancien. Il soulevait les grains de sable qui cinglaient le visage de Gabriel alors qu’il progressait à travers les dunes, le regard rivé vers l’horizon. Là-bas, au milieu des brumes de chaleur et des mirages mouvants, une silhouette noire se dessinait. Les ruines d’une cité oubliée. Un souvenir pétrifié.
Naram-Kal.
Autrefois capitale de l’empire arkhan, berceau d’une civilisation disparue dont les légendes murmuraient encore le nom autour des feux de camp. Aujourd’hui, elle n’était plus qu’un squelette de pierre calcinée, rongé par les siècles. On l’appelait désormais la Cité des Cendres. Certains disaient que les flammes n’y s’étaient jamais vraiment éteintes.
Gabriel était accompagné de Li-Mei, silencieuse et concentrée, et d’un nouveau compagnon : Théo Brinault, ancien cryptologue de l’Ordre de l’Œil Doré, un homme à l’allure discrète, toujours caché derrière des lunettes fumées, mais dont le regard trahissait un esprit affûté. Ils avaient recruté Théo après la découverte de la troisième rune, lorsqu’il était apparu que certaines langues anciennes nécessitaient plus que la force ou la magie : elles exigeaient un esprit capable de lire entre les silences.
Le soleil couchant baignait le ciel d’un rouge sang, et l’ombre de la ville s’allongeait comme un avertissement.
— « Ce lieu est vivant », murmura Li-Mei. « Et il souffre encore. »
Gabriel hocha la tête. Lui aussi sentait la tension dans l’air, cette vibration dans ses os, comme un avertissement muet. Ce n’était pas une simple ruine. Quelque chose dormait ici. Quelque chose de puissant. Et de brisé.
Ils franchirent enfin les arches effondrées de la ville. Le sol craquait sous leurs pas, recouvert d’une poussière noire, presque graisseuse. Des ossements blanchis affleuraient entre les pavés fissurés, comme si la cité rejetait encore ses morts.
Partout autour d’eux, des statues fendillées gardaient les avenues : guerriers ailés, dragons figés dans la pierre, prêtres aux visages effacés. Toutes portaient les marques du feu.
— « C’est ici », dit Théo en consultant un parchemin ancien, gravé de runes inconnues. « L’éclat du Miroir du Ciel... il est sous la ville. »
Gabriel approcha d’un brasero encore allumé. Étrangement, il brûlait sans bois ni huile. Une flamme bleue, froide, presque vivante.
C’est alors qu’une voix s’éleva. Grave. Caverneuse.
— « Pourquoi déranger les cendres ? »
Le feu vacilla. Puis une forme en surgit.
Une silhouette mi-humaine, mi-draconique, faite de flammes et de fumée. Elle les observa de ses yeux incandescents.
— « Ceux qui cherchent l’éclat doivent affronter les vérités du passé. »
Et sans prévenir, la place s’effondra sous leurs pieds.
Ils chutèrent dans l’obscurité.
Un long hurlement, puis la pierre, la poussière, les ténèbres. Lorsqu’ils se relevèrent, le silence était presque absolu. Ils étaient dans une immense crypte. Des ossements gisaient partout. Des milliers. Humains, dragons, hybrides. Entassés les uns sur les autres. Comme si toute une armée avait été condamnée ici.
Au centre de cette nécropole trônait un gigantesque siège de verre noir et de lave solidifiée. Et sur ce trône, une créature enchaînée.
Un homme... non, un dragon sous forme humaine.
Il mesurait plus de deux mètres. Son corps était couvert de cicatrices brûlées, son regard rougeoyait comme une forge. Il portait une ancienne armure, brisée en plusieurs endroits, gravée de symboles interdits.
Za-Khor.
Le Gardien du Feu Sacré. Le seul dragon à avoir survécu à la trahison des Arkhani. Condamné par les siens pour avoir refusé de se soumettre.
— « Tu veux l’éclat ? » grogna-t-il en fixant Gabriel. « Alors tu dois voir. Ressentir. Et survivre. »
Il frappa le sol de sa main enchaînée.
Et le monde bascula.
Les murs de la crypte disparurent.
Autour d’eux, une vision s’imposa. Vivante. Palpitante. Un souvenir, mais réel. Gabriel se tenait désormais au cœur d’un ancien sanctuaire. Des chevaliers en armure d’or discutaient dans l’ombre d’un trône. Sur la table : une carte. Les positions de tous les sanctuaires draconiques. L’un d’eux signait un pacte.
Contre de l’or. Des titres. Du pouvoir.
— « Ils ont vendu les dragons », murmura Gabriel. « Les gardiens eux-mêmes. »
Les visions se poursuivirent.
Des dragons piégés, enchaînés, sacrifiés pour alimenter les réacteurs d’antiques forteresses volantes. Des enfants enlevés, éduqués pour trahir leur sang. Et au sommet, une silhouette floue... une voix familière. Celle qui donnait les ordres.
Gabriel ressentit une douleur aiguë dans la poitrine. Était-ce... Ariane ? Ou pire encore ? Était-elle manipulée ? Ou actrice de cette trahison ?
Li-Mei vit aussi. Elle vit ses parents, sacrifiés lors d’un ancien rituel. Théo, lui, reconnut le sceau de sa propre hiérarchie. Le Cartel du Silence avait été là, dès le début.
Ils tombèrent à genoux, brisés par la révélation.
Za-Khor s’approcha.
— « Maintenant que tu sais, que feras-tu ? Tu peux fuir. Ou porter leur mémoire. »
Gabriel, lentement, dégaina Vel’Anor.
Il s’agenouilla devant Za-Khor.
— « Je ne suis pas parfait. Mais je ne fuis pas. »
Le dragon sourit pour la première fois.
Il toucha la lame.
Une immense vague de chaleur traversa Gabriel. Les chaînes de Za-Khor se brisèrent dans une explosion de lumière. Et dans sa chute, le dragon déposa à leurs pieds un cristal rougeoyant.
Le quatrième fragment du Miroir du Ciel.
Gabriel le ramassa. Un symbole nouveau s’illumina sur la lance. Une rune incandescente, semblable à une larme de feu : le Sceau du Souvenir.
Mais leur victoire fut brève.
Au-dessus d’eux, des bruits de bottes résonnaient. Des voix métalliques. Des ordres codés.
Le Cartel du Silence approchait.
Ils fuirent à travers les tunnels, poursuivis par des drones mécaniques et des assassins masqués. Théo déverrouilla une porte secrète à l’aide d’un code oublié. Ils débouchèrent sur une ancienne plate-forme d’ascension, en ruine.
Li-Mei, sans hésiter, plaça le fragment dans un ancien piédestal. Le sol vibra.
Des cendres s’élevèrent dans un tourbillon aveuglant.
Et dans le ciel nocturne, un cri éclata.
Un immense dragon-phénix, né des flammes mortes, s’éveilla. Une créature rougeoyante, faite de braises et de vent, aux ailes immenses.
Il se posa devant eux.
— « Cendres ou flammes… vous avez choisi. Montez. »
Ils montèrent sur son dos, et s’envolèrent, poursuivis par les balles et les cris, laissant derrière eux la Cité des Cendres.
Gabriel, le regard perdu vers l’horizon, sentait la lance vibrer dans sa main.
Quatre fragments réunis.
Mais ce qu’ils apprenaient… c’est que l’ennemi ne se trouvait pas que dans les ombres.
Il se cachait aussi dans la lumière.
Et ce n’était plus une simple chasse aux artefacts.
C’était une guerre pour la vérité elle-même.
Chapter 7 – The City of Ash
The desert wind howled like an ancient cry, stirring waves of sand that stung Gabriel’s face as he pressed forward, eyes fixed on the distant horizon. There, rising in shadow against the burning sky, loomed the black silhouette of a forgotten city. A fossilized memory.
Naram-Kal.
Once the capital of the Arkhan Empire, cradle of a long-lost civilization whose name still haunted songs and legends, the city now stood as a charred skeleton, broken and scorched by time. Today, it was called the City of Ash. Some claimed the flames had never truly died.
Gabriel was accompanied by Li-Mei, silent and sharp-eyed, and a new companion: Théo Brinault, a former cryptographer from the Order of the Golden Eye. With his unassuming presence and shaded glasses, Théo looked like a man of paper and ink, not fire and steel. But his mind was razor-sharp. They had found him after recovering the third rune, when they realized ancient texts would require more than strength or magic to decipher. They needed someone who could read between silences.
The setting sun turned the sky blood-red. Shadows from the city’s ruins stretched like warnings across the sand.
Li-Mei stopped. “This place is alive,” she murmured. “And it still suffers.”
Gabriel nodded. He could feel it too—the hum in his bones, the tension in the air, like the pressure before a storm. This wasn’t just stone and dust. Something old slumbered here.
They passed through the broken arches of the outer wall. The ground beneath them was layered with greasy black ash. Blanched bones jutted from the cracks like the city itself was still trying to bury its dead.
All around, fractured statues lined the forgotten streets: winged warriors, dragons frozen in stone, priests whose faces had been worn away by wind and fire. The air carried the scent of sulfur and sorrow.
“This is the place,” Théo said, studying an ancient map inked with forgotten runes. “The next shard of the Mirror of Heaven… is buried beneath this city.”
Gabriel stopped before a still-burning brazier. The flame—cold and blue—danced without fuel or spark. Something about it felt sentient.
Then, a voice echoed from the fire.
— “Why disturb the ashes?”
The flames twisted, coiling upward into a shape—half-human, half-draconic, with burning eyes and smoke for skin.
— “Those who seek the shard must face the truths of the past.”
And without warning, the stone beneath their feet cracked.
The ground gave way.
They plunged into darkness, dust and flame trailing behind them. When the fall ended, they found themselves in a vast underground crypt. Bones were everywhere—stacked high like forgotten prayers. Human. Draconic. Hybrids. Thousands of them.
At the heart of the chamber sat a throne of obsidian and crystallized magma. And upon it, chained and unmoving, was a being like none Gabriel had ever seen.
Za-Khor.
An ancient dragon in human form, burned and bound by betrayals long buried. Over two meters tall, his muscular body bore deep scars, and his shattered armor bore runes that pulsed faintly with dying light. His eyes, burning like dying suns, locked onto Gabriel.
“I am the Guardian of the Sacred Flame,” Za-Khor growled. “Betrayed by my kin. Chained for my truth. You want the shard? Then you will face it. Feel it. Survive it.”
He slammed his chained fist to the ground.
The air fractured like glass.
The crypt melted away.
Suddenly, they were elsewhere—in a vivid, living memory. Gabriel found himself inside an ancient temple. Gold-armored knights spoke in hushed tones before a throne. On the table: a map. It showed every sanctuary, every lair, every dragon stronghold.
One knight signed a document.
It was a contract.
Gold for betrayal. Titles in exchange for blood.
“They sold them out,” Gabriel whispered. “The guardians themselves…”
More visions followed.
Dragons bound in chains. Ancient fortresses powered by their life force. Children stolen from villages and raised to become dragon-slayers. And at the top, a cloaked figure... a voice he almost recognized.
Was it Ariane?
Li-Mei fell to her knees as a vision of her own past overwhelmed her. Her family, sacrificed in an arcane ritual—fodder for the war of unseen powers.
Théo, trembling, recognized a sigil on a knight’s ring. The mark of the Cartel of Silence.
His own people.
— “They were part of it… from the beginning,” he muttered. “All of them.”
Za-Khor approached, dragging his chains like thunder.
“You have seen the truth. Now choose. You may run… or carry their memory.”
Gabriel stepped forward, trembling but resolute.
He drew Vel’Anor, the dragonlance.
Then, without a word, he knelt before Za-Khor.
The dragon placed a clawed hand upon the blade.
Flames exploded from the weapon.
Chains shattered.
Za-Khor roared—not in pain, but in release. His form dissolved into dust, leaving behind only a glowing red crystal.
The fourth shard of the Mirror of Heaven.
Gabriel took it. A new rune ignited along Vel’Anor’s shaft—a fiery symbol shaped like a tear:
The Seal of Remembrance.
But their victory was short-lived.
Footsteps thundered above. Voices barked coded orders. Drones descended into the ruins.
The Cartel of Silence was coming.
They ran through half-collapsed corridors. Théo hacked an ancient door open with a forgotten dialect. They emerged into a ruined launch platform at the edge of the city.
Li-Mei placed the shard into a cracked pedestal.
The ground shook.
Ash spiraled into the sky.
A cry pierced the night air—a sound that hadn’t been heard in centuries.
From the ashes, something rose.
A dragon-phoenix. A massive creature of molten fire and wind, reborn from centuries of grief and vengeance. Its wings stretched wide across the stars.
It landed before them.
— “Ash or flame... you have chosen. Ride.”
They climbed onto its burning back.
And took flight.
As the flaming city shrank beneath them, Gabriel stared at the stars, clutching the lance.
Four shards.
But this was no longer a hunt for relics.
It was a war for the truth itself.
And somewhere far above, hidden behind veils of gold and shadow, someone was pulling the strings.
Someone who had never left the light.
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