Chapitre 8 : Le Silence des Blattes

(Où l’on découvre que même les insectes ont des secrets, des deals louches, et un penchant inquiétant pour les vestes en cuir.)

UNE MISSION D'INFILTRATION EN DOUCEUR (OU PRESQUE)
Castagnor, sur les conseils du Conseil des Chouettes (enfin, surtout de Belladone, car Kevin proposait encore des bombardements aériens de fiente), décida d’envoyer une équipe en mission secrète au Creux des Mille Carapaces.

Cet endroit, à peine connu des mammifères, abritait la société ultra-secrète et vaguement flippante des Blattes Souterraines, aussi appelées “Les Croque-Vieilles-Crouttes” par les animaux qui ont peur d’eux (soit… tous les autres).

Seuls trois agents furent choisis pour cette mission :

Belladone la belette, pour sa discrétion et sa capacité à convaincre un renard de devenir vegan.

Speedo, l’escargot géant (infiltré avec un déguisement de rocher mousseux).

Et Jean-Rasoir, parce qu’on avait oublié de l’attacher cette fois.

LES BESOINS DE L’OMBRE
Les blattes dirigeaient un immense réseau logistique sous la forêt. Elles connaissaient les tunnels, les routes, les sentiers oubliés. Elles contrôlaient les routes des noisettes. Officiellement neutres, elles étaient surtout officiellement ambiguës.

À leur arrivée, un comité d’accueil peu rassurant les attendait : des blattes géantes en lunettes noires, armées de cure-dents aiguisés et de ceintures pleines de miettes anciennes.

— “Mot de passe ?” demanda une voix rauque.

Belladone répondit avec calme :

— “La noisette n’est rien sans la coquille.”

Un murmure parcourut le tunnel. Une blatte s’inclina :

— “Vous pouvez entrer. Mais attention : ici, même les silences sont enregistrés.”

Speedo murmura :

— “Je sens qu’on va finir sur écoute...”

Jean-Rasoir :
— “J’ai caché des allumettes dans mes poils ! Hé hé hé ! C’est une mission explosive !”

Belladone :
— “Jean. Non. Chut. Non.”

UNE NÉGOCIATION GLISSANTE
Ils furent conduits dans une salle sombre, éclairée par des lucioles syndiquées. Au centre : Madame Klack, grande matriarche des Blattes.

Elle portait un châle en peau de mouche et une expression d’ennui profond.

— “Vous venez nous demander de trahir notre neutralité ?”

Belladone :
— “Non. Nous venons vous proposer un marché. Informations en échange de noisettes premium, millésime 2012, non grillées.”

Madame Klack claqua des mandibules.

— “Et si on préfère le chaos ?”

Jean-Rasoir sauta :
— “On brûle le chaos avec plus de chaos ! C’est mon credo !”

Klack plissa les yeux.

— “Il me plaît celui-là. Il est idiot, mais il est franc.”

LE MARCHÉ NOCTURNE DES VÉRITÉS
Finalement, Klack accepta de parler. En échange, elle exigea :

Une noisette de collection gravée à l’effigie d’un ancien écureuil roi.

Un massage du thorax par Speedo (ce fut long… très long).

Et l’interdiction formelle de parler de leur club de poker illégal.

Elle révéla :

— “Quelqu’un achète nos services pour détourner les routes des noisettes… On ne sait pas qui. Mais on reçoit des ordres… via des pinces.”

Belladone haussa un sourcil.

— “Des pinces ?”

— “Oui. Des lettres. Transmises par une griffe marine. Vous voyez ce que je veux dire ?”

Speedo :
— “Le crabe… Le Crabe Suprême…”

Jean-Rasoir (en feu de joie, mais pas littéralement pour une fois) :
— “ON L’A TROUVÉ ! ON L’A TROUVÉ !”

LA FUITE ET LES CLOPORTES
Alors qu’ils s’apprêtaient à partir, les cloportes de garde bloquèrent le tunnel.

— “Ordre supérieur. Personne ne sort.”

Jean-Rasoir sourit :

— “Parfait. Il est temps de brûler un tunnel.”

Belladone soupira :

— “Bon… On active le plan B.”

Speedo :
— “Plan B ?”

Belladone sortit une fiole. Une potion de glissement. Un vieux truc de musaraigne chamane.

Elle la jeta par terre.

FLOOOP !

Tout le tunnel devint… glissant. Les blattes, les cloportes, tout le monde se retrouva à glisser comme des savonnettes dans une baignoire.

— “COUREZ !” cria Belladone.

Enfin… courez... surtout Jean-Rasoir. Speedo, lui, prenait de la vitesse très modérément.

LE RETOUR AVEC DES ODEURS ET DES RÉVÉLATIONS
De retour dans le camp, tous étaient couverts de poussière, de sueur… et de jus de cloporte.

Mais ils avaient une info : le Crabe Suprême est bien réel, et il agit dans l’ombre, par l’intermédiaire des réseaux souterrains.

Castagnor, en entendant cela, gronda :

— “Qu’on prépare les cartes. Il est temps de voir où mènent ces pinces…”